CHANT XIX

Vers 76 à 117

DANS LA CINQIÈME BOLGE DE CEUX QUI GISENT AU SOL POUR EXPIER LEUR AVARICE, DANTE APPERÇOIT UNE TERRIBLE SIRÈNE ET RENCONTRE L'ÂME D'OTTOBUONO DE FIESCHI, PAPE ADRIEN V

«O eletti di Dio, li cui soffriri
e giustizia e speranza fa men duri,
drizzate noi verso li alti saliri».

«Se voi venite dal giacer sicuri,
e volete trovar la via più tosto,
le vostre destre sien sempre di fori».

Così pregò 'l poeta, e sì risposto
poco dinanzi a noi ne fu; per ch'io
nel parlare avvisai l'altro nascosto,

e volsi li occhi a li occhi al segnor mio:
ond' elli m'assentì con lieto cenno
ciò che chiedea la vista del disio.

Poi ch'io potei di me fare a mio senno,
trassimi sovra quella creatura
le cui parole pria notar mi fenno,

dicendo: «Spirto in cui pianger matura
quel sanza 'l quale a Dio tornar non pòssi,
sosta un poco per me tua maggior cura.

Chi fosti e perché vòlti avete i dossi
al sù, mi dì, e se vuo' ch'io t'impetri
cosa di là ond' io vivendo mossi».

Ed elli a me: «Perché i nostri diretri
rivolga il cielo a sé, saprai; ma prima
scias quod ego fui successor Petri.

Intra Sïestri e Chiaveri s'adima
una fiumana bella, e del suo nome
lo titol del mio sangue fa sua cima.

Un mese e poco più prova' io come
pesa il gran manto a chi dal fango il guarda,
che piuma sembran tutte l'altre some.

La mia conversïone, omè!, fu tarda;
ma, come fatto fui roman pastore,
così scopersi la vita bugiarda.

Vidi che lì non s'acquetava il core,
né più salir potiesi in quella vita;
per che di questa in me s'accese amore.

Fino a quel punto misera e partita
da Dio anima fui, del tutto avara;
or, come vedi, qui ne son punita.

Quel ch'avarizia fa, qui si dichiara
in purgazion de l'anime converse;
e nulla pena il monte ha più amara.


«O élus de Dieu, dont la justice et l'espérance rendent les souffrances moins dures, dirigez-nous vers les hauts degrés. - Si vous venez sans avoir à craindre d'être ici gisants, et voulez trouver le chemin le plus court, que votre droite soit toujours en dehors.»

Ainsi pria le Poète, et ainsi il lui fut répondu d'un peu au-devant de nous. Et moi, par le parler, je discernai celui qui fiait caché ; et je tournai les yeux vers mon Seigneur, qui, avec un signe de contentement, m'accorda ce que demandait le regard du désir.

Quand je fus maître de disposer de moi, je m'approchai de celle créature que ces paroles m'avaient fait remarquer, disant: - Esprit, en qui le pleurer mûrit ce sans quoi tu ne peux retourner à Dieu, suspends un peu pour moi ton plus grand souci. Qui fus-tu, et pourquoi vos dos sont tournés en haut, dis-moi, si tu veux que je t'obtienne quelque chose là d'où je suis parti vivant. Et lui à moi: «Pourquoi veut le ciel que vers lui nos dos soient tournés, tu le sauras ; mais, auparavant, scias quod ego fui successor Petri. Entre Siestri et Chiaveri descend une belle rivière, de laquelle originairement ma race tire son nom.

Durant un mois et un peu plus, j'éprouvai combien pèse le grand manteau à qui veut le préserver de la fange: paraîtraient une plume tous les autres fardeaux. Ma conversion, hélas! fut tardive ; mais, quand je fus fait Pasteur romain, je connus la vie menteuse. Je vis que là ne s'apaisait point le cœur et que, dans cette vie, on ne pouvait monter plus haut, ce pourquoi de celle-ci en moi s'enflamma l'amour. Jusque-là misérable et séparée de Dieu fut mon âme tout avare: maintenant, connue tu vois, j'en suis ici puni. Ce qu'opère l'avarice, se manifeste ici dans la position renversée des Ames qui se purifient: et le mont n'a point de peine plus amère. mon âme tout avare: maintenant, connue tu vois, j'en suis ici puni. Ce qu'opère l'avarice, se manifeste ici dans la position renversée des Âmes qui se purifient: et le mont n'a point de peine plus amère.